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Compte rendu
de la XXIII�me COSAC
Versailles - 16-17 octobre 2000
2�me S�ANCE DU LUNDI 16
OCTOBRE 2000
La s�ance
est ouverte � quinze heures.
A. L'espace de
libert�, de s�curit� et de justice
M. Hubert Haenel, pr�sident - Madame le Garde des Sceaux,
je vous souhaite la bienvenue parmi nous pour engager le dialogue sur un th�me qui
int�resse tous nos concitoyens.
La construction europ�enne ne peut se limiter � ses succ�s �conomiques, ni m�me � sa
politique �trang�re et de d�fense. Elle doit aussi �tre synonyme de s�curit� et de
libert� pour les personnes. Il ne peut en effet y avoir d'adh�sion aux institutions
communes si l'Europe ne se montre pas capable de d�finir un cadre protecteur et d'assurer
ainsi le respect des droits fondamentaux : libert�, s�curit�, justice.
La criminalit� n'est pas � l'�cart du mouvement de la mondialisation, elle a m�me
�t� � son avant-garde.
Le trait� d'Amsterdam a renforc� l'Europe de la justice, de nombreux domaines relevant
de la coop�ration intergouvernementale ayant �t� communautaris�s. Surtout, il a �t�
d�cid�, lors du conseil europ�en de Tampere, d'acc�l�rer l'�tablissement d'un espace
de libert�, de s�curit� et de justice. Cet objectif est devenu une priorit�,
conform�ment � l'attente de nos concitoyens. Il reste � le concr�tiser.
Je souhaite donc, Madame le Garde des Sceaux, que vous nous apportiez des pr�cisions sur
les r�sultats que vous esp�rez atteindre sous la pr�sidence fran�aise et sur les
perspectives.
Mme Elisabeth Guigou, ministre de la justice, Garde des Sceaux - Je suis tr�s
heureuse de participer avec vous � cette Conf�rence - que j'ai connue dans
l'exercice d'autres responsabilit�s et aussi comme parlementaire europ�enne- pour
vous parler du principal chantier des 25 ann�es � venir : l'espace de
libert�, de s�curit� et de justice.
J'ai plaisir � saluer les pr�sidents Haenel et Barrau, qui ont montr� comment les deux
chambres du Parlement fran�ais savent mobiliser sur les questions europ�ennes.
Ces r�unions de la COSAC nous donnent l'occasion de faire progresser l'Europe de la
d�mocratie. Les peuples ne sont pas suffisamment associ�s � la construction
europ�enne. C'est en travaillant avec le Parlement europ�en et les parlements nationaux
que nous pourrons les associer davantage.
Vous avez ce matin d�battu avec Lionel Jospin et Pierre Moscovici sur les
priorit�s de la pr�sidence fran�aise. Vous aborderez la question de l'�largissement.
J'ai tenu � ce que mon minist�re s'implique fortement dans ce processus en multipliant
les liens avec les pays candidats � l'adh�sion. Ainsi, nous avons proc�d� � des
jumelages institutionnels notamment avec la Pologne, la Roumanie et la R�publique
tch�que. Mon minist�re a une longue tradition de coop�ration bilat�rale, mais nous
sommes all�s plus loin encore � l'occasion de la pr�sidence fran�aise.
Cela fait trois ann�es de suite que le 16 octobre est pour moi la date d'un
rendez-vous important concernant l'espace de justice, de s�curit� et de libert�.
Le 16 octobre 1998, � mon initiative, a eu lieu � Avignon une des premi�res r�unions
sur ce th�me. M. Haenel y �tait. La D�claration d'Avignon a elle-m�me inspir�
les orientations d�cid�es le 16 octobre 1999, par le Conseil europ�en de
Tampere, gr�ce au travail remarquable de la pr�sidence finlandaise. C'est � partir des
conclusions de ce Conseil qu'ont �t� d�finies les priorit�s de la pr�sidence
fran�aise. Nous avons travaill� avec les pr�sidences pr�c�dentes, comme avec celles
qui suivront, dans la meilleure entente. Les conclusions de Tampere m'ont permis de donner
une impulsion forte au processus, dans la ligne de la pr�sidence portugaise, qui avait
obtenu d'excellents r�sultats.
L'action de la pr�sidence fran�aise comporte trois axes principaux : le
rapprochement des syst�mes judiciaires gr�ce au principe de la reconnaissance mutuelle
des d�cisions de justice ; le renforcement de la lutte contre la criminalit�
organis�e en particulier contre le blanchiment de l'argent sale ; enfin, le
d�veloppement de la coop�ration et de l'entraide judiciaires, sans attendre une
harmonisation des syst�mes judiciaires �videmment souhaitable, mais difficile �
obtenir.
Je parlerai aussi du renforcement des droits fondamentaux, m�me si cette avanc�e ne
concerne pas seulement la justice. Il a �t� conclu � Tampere qu'un jugement devait
�tre respect� dans toute l'Union europ�enne, la reconnaissance mutuelle des d�cisions
ayant �t� consid�r�e comme la " pierre angulaire " de la
coop�ration judiciaire.
Au plan civil, d'importants progr�s ont �t� r�alis�s. La France a �t� charg�e
d'�laborer un calendrier qui fixera, avant la fin de l'ann�e, un programme de travail
pr�cis et contraignant, de mani�re � inscrire le principe d�fini � Tampere dans le
droit de chaque Etat-membre .
Nous avons aussi progress� en mati�re matrimoniale, avec le r�glement des litiges
relatifs aux " couples mixtes ". Une convention n�goci�e sous la
pr�sidence portugaise a �t� reprise sous la forme d'un r�glement communautaire, dit de
" Bruxelles II ". Il s'agit d'un texte important, puisque les couples
mixtes, en cas de divorce, passeront devant un juge unique. Nous ne verrons plus ces
situations absurdes dans lesquelles deux juges de deux pays diff�rents rendaient des
jugements contradictoires. Ce texte entrera en vigueur au d�but de l'an prochain. La
d�cision du juge du lieu o� vit le couple s'imposera, ce qui constituera un progr�s
consid�rable.
Nous avons encore travaill� � concr�tiser le principe de la reconnaissance mutuelle sur
un autre point sensible : le droit de visite des enfants. Pour la premi�re fois, la
d�cision d'un juge sera ex�cutoire sur le territoire d'un autre pays que le sien. Avec
mon homologue allemand, j'ai �tudi� tout particuli�rement le cas des couples
franco-allemands.
Autre application du principe de la reconnaissance mutuelle, le recouvrement des
cr�ances. Beaucoup de PME, faute de filiales, peinent � recouvrer les cr�ances qu'elles
ont � l'�tranger. Nous souhaitons la cr�ation d'un titre ex�cutoire europ�en, de
fa�on qu'une d�cision de justice puisse faire l'objet d'une ex�cution forc�e sur tout
le territoire de l'Union sans proc�dure suppl�mentaire de validation.
Ainsi donc, sur deux sujets qui touchent au quotidien, des progr�s ont �t� r�alis�s.
J'ai l'espoir qu'il y en aura d'autres.
Je souhaite par ailleurs que le principe de la reconnaissance mutuelle s'applique aussi en
mati�re p�nale. Il faut r�duire la dur�e des proc�dures judiciaires.
La reconnaissance mutuelle ne peut cependant �tre d�cr�t�e. Elle implique le
d�veloppement d'une culture judiciaire commune. C'est pourquoi la France propose de
constituer un r�seau des �coles de la magistrature, associant d'ailleurs les pays
candidats, comme la France le fait d�j� dans les s�minaires qu'elle organise. Le
programme Phare y contribuera, tout comme les jumelages institutionnels.
Le second axe de notre action est la lutte contre la criminalit� organis�e. Il faut
l'intensifier car elle se d�veloppe et utilise les nouveaux moyens technologiques.
Aujourd'hui l'argent sale circule � la vitesse �lectronique et l'euro rend l'Union
europ�enne plus attrayante. D'autre part, l'�largissement sera un d�fi suppl�mentaire.
Il faut �tre vigilant pour lutter contre la corruption, le blanchiment d'argent, les
trafics criminels. La criminalit� organis�e brasse aujourd'hui de telles sommes, que
c'est la d�mocratie elle-m�me qui est en cause. L'Union europ�enne se doit de prouver
que la libert� de circulation ne profite pas plus aux criminels qu'aux policiers et aux
magistrats.
La pr�sidence fran�aise concentre ses efforts sur la lutte contre le blanchiment de
capitaux. Ce premier pas a �t� franchi avec l'accord politique des ministres des
finances sur le contenu d'une nouvelle directi ve renfor�ant le dispositif communautaire en ce domaine. J'ai
veill�, avec mes coll�gues ministres de la justice, � ce que, tout en �tendant la
lutte contre le blanchiment aux professions juridiques, le texte pr�serve le secret de la
d�fense pour les avocats.
Un pas suppl�mentaire sera franchi demain � Luxembourg o� se tiendra le premier conseil
conjoint des ministres de la justice, des affaires int�rieures et de l'�conomie et des
finances. J'avais fait cette proposition il y a deux ans et demi sous la pr�sidence
allemande. Elle n'avait pas �t� retenue car un tel conseil peut �tre la meilleure ou la
pire des choses. Il doit �tre tr�s bien pr�par�. En l'occurrence sur un tel sujet, un
conseil conjoint s'impose. Les praticiens nous disent en effet que ce qui fait d�faut
c'est la coordination entre ceux qui sont charg�s de la pr�vention -institutions
financi�res et professions juridiques- et ceux qui sont charg�s de la r�pression,
policiers et magistrats. Je me r�jouis de la tenue de ce Conseil qui favorisera leur
information r�ciproque et leur efficacit�.
La pr�sidence portugaise avait remport� un beau succ�s en faisant adopter une
convention d'instruction p�nale qui modernisait la convention du Conseil de l'Europe de
1959. J'ai souhait� la compl�ter par un projet de convention d'entraide p�nale dans la
lutte contre la criminalit� financi�re, afin d'�liminer des obstacles auxquels se
heurtent les magistrats, tels le secret fiscal et l'opacit� bancaire.
Notre troisi�me axe d'action est le d�veloppement de la coop�ration judiciaire. La
justice est une comp�tence nationale et il en sera encore longtemps ainsi. Je ne pense
pas que nous aurions int�r�t � centraliser au niveau europ�en la justice p�nale et la
justice civile. Certes, avoir les m�mes codes faciliterait les choses. Mais plut�t
qu'une unification, je crois qu'il faut viser une harmonisation qui �vite les d�lais et
pr�serve des syst�mes d�centralis�s.
Dans d'autres domaines comme la protection des int�r�ts financiers des Communaut�s et
la lutte contre la fraude on a �voqu� le projet d'instituer un procureur europ�en.
Peut-�tre faudra-t-il l'approfondir, mais notre responsabilit� imm�diate est d'assurer
une bonne coordination entre les Etats. C'est pourquoi j'ai souhait� la cr�ation d'un
r�seau juridique europ�en p�nal, avec des magistrats servant de points de contact.
Suite � un travail approfondi entre quelques Etats et sur proposition de la France, le
Conseil de Tampere a d�cid� la cr�ation d'une unit� de coop�ration judiciaire,
EUROJUST, pour lutter contre les faits graves de criminalit�. EUROJUST devrait devenir
l'�quivalent judiciaire d'EUROPOL. Cet acquis me semble tellement important qu'il para�t
indispensable de le faire figurer dans le Trait�. Sa cr�ation est pr�vue fin 2001.
Mais, pour ne pas perdre de temps, nous avons propos� de cr�er, d�s la fin de cette
ann�e, une unit� de coordination provisoire qui fonctionnera d�s le d�but de l'ann�e
prochaine. Le 28 septembre dernier, j'ai obtenu l'accord politique de tous mes
coll�gues sur cette proposition et nous attendons le r�sultat de la consultation du
Parlement europ�en. Notre approche est pragmatique. L'harmonisation des dispositions
fiscales qui fait l'objet de d�bats juridiques, prendra du temps. Sans attendre, nous
voulons favoriser les contacts entre magistrats, syst�matiser la coop�ration quotidienne
et limiter les d�rogations.
S'inspirant de ce dispositif p�nal, la Commission a d�pos� le 28 septembre un projet de
r�seau juridique europ�en civil pour surmonter certains blocages. Sans attendre
l'harmonisation des dispositions de droit civil, il pourra faire fonction de maison de la
justice civile europ�enne et informer les citoyens sur les proc�dures.
Tous ces efforts pour lutter contre la criminalit� et rapprocher les proc�dures doivent
se faire dans le respect des droits fondamentaux. Je salue le travail de la convention qui
a �labor� la Charte, dont un aspect nouveau et essentiel est la protection des donn�es
personnelles. Outre un r�glement qui assurera le respect par les institutions
communautaires des garanties nationales en la mati�re, un document relatif � cette
protection dans le cadre de la coop�ration judiciaire p�nale est en cours
d'�laboration. La Charte, qui d�finit clairement les droits des personnes r�sidant dans
l'Union europ�enne, affirme au moment opportun un socle commun pour la construction
europ�enne. Nombreux sont ceux qui souhaitent que la Charte soit contraignante. Je suis
convaincu que sa qualit� est la meilleure garantie de son respect. N�anmoins, la Charte
pourrait �tre int�gr�e dans les trait�s fondamentaux plus vite qu'on ne le pense. Nous
avons aussi pris toutes dispositions pour assurer une bonne r�partition des comp�tences
entre la Cour europ�enne de Strasbourg, qui applique la Convention europ�enne de droits
fondamentaux, et la Cour de justice des Communaut�s europ�ennes.
Les parlements doivent �tre mieux associ�s � la construction de cet espace europ�en de
libert�, de s�curit� et de justice. Ils en ont trop longtemps �t� �cart�s pour la
raison qu'elle relevait de la coop�ration intergouvernementale. Le trait� d'Amsterdam a
marqu� un premier progr�s pour la communautarisation de la mati�re civile, le pouvoir
d'initiative accord� � la Commission conjointement avec les Etats et de meilleures
garanties sur la consultation de Parlement europ�en en ce qui concerne les d�lais. En
outre, des d�cisions-cadres, qui se rapprochent beaucoup des directives communautaires,
permettent d'associer les parlements nationaux � la d�finition des moyens pour atteindre
les buts d�finis en commun. C'est avec les parlements nationaux et le Parlement
europ�en que nous progressons dans ce domaine qui int�resse bien plus la vie quotidienne
des gens que les questions �conomiques ou mon�taires -du moins aussi longtemps que nul
n'a d'euros dans son porte-monnaie !
Nous devons agir sans attendre pour mener � bien ce grand chantier.
Mme Maria Eduarda Azevedo (Portugal) - A la suite de Maastricht, on a craint que le
march� unique ait pour effet de faciliter l'internationalisation du crime et du
terrorisme, ainsi que la circulation de la drogue. La chute du Mur a aussi amen� la
population europ�enne � souhaiter une gestion plus commune du probl�me des migrations.
Amsterdam a permis d'avancer vers un espace judiciaire et de s�curit� commun et
d'am�liorer la coop�ration polici�re, notamment en int�grant Schengen au Trait�. Mais
il reste encore beaucoup � faire.
Les divergences n'apparaissent pas au stade du diagnostic, sur lequel l'accord est
g�n�ral, mais sur la mani�re d'aller de l'avant, pour que les citoyens europ�ens
fassent confiance aux institutions communautaires en mati�re de justice et de s�curit�.
Comme vous l'avez dit, Madame la ministre, l'harmonisation du juridique ne doit pas
conduire � une unification : chaque peuple a sa culture propre et ses id�es
sp�cifiques, qui doivent �tre sauvegard�es dans leurs diff�rences.
M. Tanase Tavala (Roumanie) - Les citoyens roumains doivent, comme les
Bulgares, disposer d'un visa pour circuler sur le territoire de l'Union europ�enne. Cette
exigence est difficilement compatible avec notre statut de pays candidats, qui suppose une
relation de partenariat et de confiance. On nous place dans la m�me cat�gorie que les
pays qui n'entretiennent aucun lien particulier avec l'Union, et l'on nous refuse un
statut analogue � celui des autres pays candidats. Comment expliquer cela � nos
concitoyens ?
Les autorit�s roumaines agissent. Elles ont pris des mesures concr�tes pour lutter
contre l'immigration ill�gale et le crime organis�, renforcer les contr�les de nos
fronti�res orientales et les sanctions contre les citoyens roumains qui commettent des
infractions � l'�tranger, r�former la politique des visas et am�liorer le niveau de
s�curit� des documents de voyage. Cette action cons�quente refl�te la mani�re
responsable dont la Roumanie entend honorer ses obligations de futur Etat membre.
L'int�r�t pour l'Union europ�enne de disposer d'une fronti�re ext�rieure �largie
impose que la Roumanie soit ray�e de la liste des pays soumis au r�gime obligatoire des
visas � l'entr�e de l'Union. La Commission europ�enne a fait une proposition en ce
sens. J'insiste aupr�s des parlementaires de l'Union pour que les citoyens roumains
puissent circuler sur le territoire de l'Union sans visa.
M. Tino Bedin (Italie) - Ces questions de s�curit� et de justice touchent de
tr�s pr�s les citoyens europ�ens. Vous n'avez pas �voqu� l'immigration, Madame la
ministre ; il me semble pourtant que c'est un sujet actuellement tr�s sensible. La
pr�sidence fran�aise a pr�vu d'organiser une r�union informelle des ministres de la
justice et de l'int�rieur sur les questions li�es � l'immigration. La France,
l'Allemagne et l'Italie ont d�cid� ensemble un plan d'action pr�voyant le contr�le des
fronti�res ext�rieures de l'Union. Qu'en pensent les autres pays europ�ens ? Il
faudra aussi traiter des probl�mes connexes comme le regroupement familial ou l'accueil
des r�fugi�s.
M. G�rard Fuchs (France) - J'entends bien qu'il n'est ni n�cessaire ni
souhaitable d'unifier nos syst�mes judiciaires. Le syst�me que vous proposez, celui de
la reconnaissance mutuelle, est � la fois plus rapide � organiser et plus respectueux
des sp�cificit�s nationales. Une unification est toutefois n�cessaire dans trois
domaines.
Quand l'Union cr�e une situation nouvelle pour laquelle n'existent pas encore de
syst�mes de sanctions nationaux - je pense, par exemple, � l'instauration de
l'euro -, il conviendrait de d�finir un syst�me europ�en de sanctions -
contre, par exemple, le faux monnayage.
La Charte des droits fondamentaux mentionne des droits nouveaux, en mati�re bio�thique,
notamment. On pourrait, l� aussi, en profiter pour d�finir les sanctions communes
visant, par exemple, une violation de l'interdiction de clonage...
Ma derni�re suggestion sera plus g�n�rale : chaque fois que l'Union adoptera une
directive ou un r�glement, ce texte devrait �tre assorti, non seulement d'une annexe
financi�re ou environnementale, comme c'est parfois le cas, mais aussi d'une annexe
p�nale pr�sentant les sanctions applicables dans les diff�rents pays. Des m�canismes
de convergence pourraient �tre d�finis au cas o� la situation serait trop contrast�e
entre les pays : ce serait dans l'int�r�t de nos concitoyens car, on le sait bien,
les d�lits sont surtout nombreux l� o� la r�pression est moindre.
M. Juergen Meyer (Allemagne) - Je vous f�licite, Madame la ministre, pour le
compromis que vous avez obtenu � propos de la directive sur le blanchiment de l'argent
sale. Il importe en effet de d�montrer que, litt�ralement, le crime ne paie pas !
Quant aux banques et aux �tablissements de cr�dit, ils doivent comprendre que leur
r�putation est en jeu.
Pour ma part, je sugg�rerai de soumettre au m�me traitement que le commerce des armes et
le trafic des stup�fiants, les formes graves de fraude fiscale. Aucun criminel, l'exemple
d'Al Capone le prouve, ne peut prosp�rer sans se livrer � de telles fraudes, en
g�n�ral consid�rables, car d�clarer ses revenus reviendrait pour lui � se d�noncer.
Consid�rons donc ces fraudes fiscales graves comme un acte pr�alable au blanchiment
d'argent sale !
Tous ceux qui ont particip� � l'�laboration de la Charte des droits fondamentaux s'en
f�licitent et c'est � juste raison que vous avez dit que cette Charte deviendra plus
vite qu'on ne le pensait un instrument juridique contraignant. La qualit� de cet
instrument est en effet telle que nombre de parlements nationaux se sont d�j� prononc�s
en ce sens -y compris le Bundestag. D'autre part, cette �volution para�t conforme
� l'article 6 du trait� sur l'Union europ�enne, aux termes duquel celle-ci doit se
fonder sur les principes de la d�mocratie et de l'Etat de droit et sur les droits de
l'homme. Il n'y a donc, au total, rien d'�tonnant � ce que la Cour de Luxembourg
consid�re que cette Charte doive devenir le fondement de notre droit.
Mme Tuija Brax (Finlande) - La Finlande vient de consacrer de longues ann�es � la
r�forme de son code de proc�dure p�nale, vieux de plus de cent ans : tout
changement en mati�re juridique exige un temps consid�rable ! Dans une d�mocratie,
la loi p�nale ne saurait changer tous les ans sans dommage, d'autant que la mati�re
touche aux principes de l'Etat et � la culture de chaque pays. Je suis donc heureuse,
Madame la ministre, que vous ayez soulign� la n�cessit� de progresser en coop�ration
et de ne pas imposer des normes identiques � tous les pays. L'harmonisation doit �tre
prudente et respectueuse des traditions nationales.
Cela �tant, la Convention a observ� au cours de son travail que les principes sur
lesquels nous nous fondions tous �taient assez similaires et il para�t donc possible
d'avancer assez vite. Je suis par cons�quent assez confiante dans nos capacit�s �
lutter efficacement contre la criminalit� organis�e ou contre les d�lits �cologiques
- pourvu que nous nous montrions humbles devant la t�che et que la coop�ration
n'exclue pas la juste reconnaissance des diff�rentes traditions !
Mme la Garde des Sceaux - En effet, Madame Azevedo, il reste beaucoup
� faire et c'est pourquoi j'ai parl� de notre prochain grand chantier : l'objectif
politique n'a commenc� � devenir " lisible " que gr�ce au Conseil
de Tampere et nous venons juste de d�finir les instruments qui nous seront n�cessaires
pour avancer. Il a fallu 40 ans pour instituer le march� unique, 30 ans pour
faire la monnaie unique : il faudra de m�me beaucoup de temps pour r�aliser
l'espace de libert� et de s�curit� int�rieure.
Comme vous, je pense qu'il faut am�liorer les capacit�s op�rationnelles d'EUROPOL,
s'agissant de la lutte contre le terrorisme et contre le blanchiment, et renforcer ses
liens avec le futur EUROJUST. La police doit avancer en m�me temps que la justice.
L'enjeu est consid�rable, puisqu'il s'agit de prot�ger les droits fondamentaux.
Je conviens que, travaillant � rapprocher nos syst�mes, nous devons faire la part de
l'existant et des traditions ou cultures de chaque pays. Des codes p�naux et de
proc�dure p�nale uniques pour toute l'Union sont aujourd'hui hors de notre port�e.
N�anmoins, comme l'a relev� Mme Brax, nous pouvons nous appuyer sur des principes
communs et sur la grande proximit� de nos droits respectifs. M. Fuchs a donc raison
de souhaiter l'�tablissement de r�gles communes � chaque fois que sont instaur�s des
droits nouveaux : domaine mon�taire et financier, environnement, s�curit�
alimentaire, bio�thique, nouvelles technologies... Nous n'avons pas encore suffisamment
emprunt� cette voie et je souhaiterais donc qu'on d�veloppe la capacit� d'initiative de
la Commission dans ce domaine. Je tiens � ce propos � saluer le travail r�alis� par
M. Vitorino.
J'ai bien not� votre appel en faveur de l'�limination des visas impos�s � vos
compatriotes, M. Tavala. La France attache un grand prix � ce que la Roumanie puisse
adh�rer � l'Union europ�enne et elle ne m�nage pas ses efforts en ce sens, appuyant
les projets de jumelage institutionnel par exemple.
La question de l'immigration rel�ve plus particuli�rement de mon coll�gue de
l'Int�rieur mais, comme nous participons au m�me Conseil, nous devons nous concerter et
je puis donc faire �tat d'une position commune. Le probl�me ici tient avant tout � la
difficult� de surveiller effectivement les fronti�res ext�rieures lorsqu'une bonne part
des contr�les sont effectu�s � l'int�rieur des Etats membres. Nous devons donc
travailler � ce que les syst�mes juridiques, judiciaires, policiers et administratifs
soient les plus efficaces possible, y compris dans les Etats qui n'ont pas encore
adh�r�. Pour combattre le crime organis� et l'immigration clandestine, il ne suffit pas
d'avoir une l�gislation correcte, il faut aussi avoir des syst�mes de contr�le
satisfaisants. Or, nous sommes encore loin du compte et c'est pourquoi la pr�sidence
fran�aise a �labor� un projet de d�cision-cadre sur ce point.
Je crois vous avoir r�pondu, M. Fuchs. Nous pourrions, c'est vrai, nous fixer pour
objectif d'�laborer un droit commun dans les nouveaux domaines. Mais cela ne signifierait
pas que nous nous engagerions, ce faisant, dans la d�finition d'une justice europ�enne
uniforme. Rien n'emp�cherait que des syst�mes judiciaires d�centralis�s soient
maintenus. Mieux vaudrait, � dire vrai, qu'il en soit ainsi, car les d�cisions de
justice sont d'autant mieux accept�es qu'elles sont rendues pr�s des citoyens.
Je pense, comme M. Meyer, que l'Union doit disposer d'un outil efficace de lutte
contre les fraudes fiscales graves. L'organisme de lutte contre la fraude (OLAF) doit donc
progresser encore, et il est important qu'une coop�ration parfaite s'instaure avec
EUROJUST, notamment dans la lutte contre la criminalit� financi�re organis�e. On ne
saurait en effet concevoir une quelconque rivalit� entre institutions sp�cialis�es.
Je me f�licite que M. Meyer partage ma conviction, en ce qui concerne la Charte des
droits fondamentaux : la qualit� de ce texte est telle qu'il s'imposera.
M. Giorgios Dimitrakopoulos (Parlement europ�en) - J'ai entendu avec
int�r�t Mme la ministre souligner la n�cessit� de faire progresser l'espace
communautaire de libert�, de s�curit� et de justice. A cet �gard, que pouvons-nous
attendre de la r�vision de l'article 67 du Trait�, c'est-�-dire du passage au vote �
la majorit� qualifi�e ? Mme Guigou, en sa qualit� de parlementaire europ�enne,
avait, � l'�poque, contribu� � ce que soit pr�vue, dans le trait� d'Amsterdam, une
p�riode transitoire de cinq ans. O� en sommes-nous � ce sujet ? Les gouvernements
des Etats membres entendent-ils proroger cette p�riode transitoire et, si tel est le cas,
quelle est la justification de cette extension ?
M. Gerrit-Jan Van Oven (Pays-Bas) - EUROPOL, �tablie � La Haye depuis
1994, s'est beaucoup renforc�e depuis sa cr�ation, et les Etats membres ont tr�s
souvent fait appel � cette organisation, qui r�pond donc � un besoin patent. Cependant,
combien de temps faudra-t-il avant que s'exerce sur elle un contr�le judiciaire
communautaire, et par quelles voies ?
Mme la Garde des Sceaux - Je suis, depuis tr�s longtemps, favorable �
l'extension de la majorit� qualifi�e, sans laquelle aucune d�cision importante ne se
prend - ou, si elle est prise, c'est tr�s difficilement, et donc tr�s lentement.
Nos peuples n'accepteront plus que des ann�es soient n�cessaires avant que des accords
soient trouv�s sur des questions qui les touchent de tr�s pr�s.
S'agissant des litiges civils et commerciaux, je suis favorable au raccourcissement de la
p�riode transitoire. Un tel raccourcissement serait plus difficile � envisager en
mati�re p�nale, car les syst�mes judiciaires nationaux ne se sont que tr�s peu
rapproch�s. Cependant, la distinction faite � ce sujet dans le trait� d'Amsterdam me
semble artificielle : nous n'avons pas besoin de droit communautaire pour tout ce qui
rel�ve du droit civil, par exemple ; des solutions peuvent �tre trouv�es, en
utilisant les conventions existantes, en mati�re de divorce sans qu'il y ait eu
harmonisation. Il faudrait, en revanche, progresser plus rapidement dans l'harmonisation
des l�gislations p�nales si nous voulons combattre avec plus d'efficacit� la
criminalit� organis�e.
Quant au contr�le des comp�tences d'EUROPOL, il sera exerc� par EUROJUST. Encore
EUROPOL doit-il se d�velopper conform�ment aux dispositions du Trait�, ce qui n'est pas
encore le cas aujourd'hui. EUROPOL doit �tre renforc� et, en attendant l'installation et
le rodage d'EUROJUST, le contr�le de ses activit�s, sera exerc�, comme maintenant, par
les autorit�s judiciaires nationales, sans rivalit� avec l'OLAF.
Un long chemin reste � parcourir, mais le sommet de Tampere a marqu� une �tape
d�cisive. Je remercie la Finlande des remarquables r�sultats obtenus sous sa pr�sidence
et je saisis l'occasion pour souligner l'atout que constitue la coop�ration entre les
pr�sidences successives de l'Union. Elle permet que, des objectifs politiques simples et
clairs ayant �t� d�finis, et des priorit�s hi�rarchis�es, les outils ad�quats
soient cr��s qui, apr�s des t�tonnements initiaux bien naturels, d�montreront leur
utilit�. Cette �volution a �t� particuli�rement bienvenue au sein du Conseil des
ministres de la justice : les discussions ne sont plus confisqu�es par les experts
et l'on ne peut douter que, les questions politiques ayant �t� tranch�es, des solutions
seront trouv�es. Avec votre aide, nous progresserons, j'en suis certaine.
M. Hubert Haenel, pr�sident - Mme la Garde des Sceaux, soumise � des
imp�ratifs cat�goriques, ne peut assister � la suite de nos travaux. Je n'en donnerai
pas moins la parole � tous les orateurs inscrits dans la discussion.
M. Lucas Apostolidis (Gr�ce) - M. le Premier ministre nous a fait
l'honneur, ce matin, de nous communiquer en personne ses grandes id�es, voire ses r�ves,
pour une Europe unie. Mais nous sommes confront�s � des r�alit�s institutionnelles.
J'attendais de la pr�sidence fran�aise qu'elle s'engage sur les sujets sociaux, comme le
ch�mage. Il est vrai qu'on a beaucoup discut� des 35 heures, depuis Amsterdam. Je dois
aussi rappeler pour m�moire le programme pour l'emploi.
La Charte des droits fondamentaux est assur�ment un document tr�s important, mais elle
doit inclure les droits sociaux pour donner de la chair � la construction europ�enne.
J'en viens aux sujet qui sont du ressort de Mme la ministre de la justice. Peut-�tre la
pr�sidence pourra-t-elle me r�pondre. O� en sont les discussions sur le fonds pour les
r�fugi�s ? Sont-elles toujours � l'ordre du jour ? Le document de travail sur
le droit d'asile aboutira-t-il � un contenu concret ?
Quant aux progr�s du droit judiciaire europ�en, il serait utile que les commissions des
affaires europ�ennes des parlements nationaux re�oivent en temps utile, par exemple sur
Internet, les documents de travail sur EUROJUST et EUROPOL et qu'on ne se contente pas de
les informer apr�s coup.
Une autre question me pr�occupe : pourra-t-on �tablir des r�gles communes qui
s'appliquent aux affaires politiques et �conomiques et non aux seules affaires
�conomiques ?
Il est utile de voir la lutte contre la criminalit� �rig�e au rang de priorit� de
l'Union europ�enne. O� en sont les quinze ministres de la justice dans l'�laboration de
r�gles communes qui montreraient une ligne directrice, propre � rapprocher la politique
des citoyens ?
Il y a en France un minist�re de la solidarit�. Puisse ce th�me devenir un v�ritable
sujet de discussion politique en Europe !
M. Laurent Mosar (Luxembourg) - J'avais quatre questions � poser � Mme la
ministre de la justice...
M. Hubert Haenel, pr�sident - Ses collaborateurs peuvent en prendre note...
M. Laurent Mosar (Luxembourg) - ...mais elle n'est pas l� pour y r�pondre.
Je renonce donc � la parole.
M. Philippe Mahoux (Belgique) - Je remercie Mme la ministre de son
intervention.
Je me r�jouis des tentatives d'harmonisation du droit civil, en particulier du droit de
la famille - je pense aux enfants de couples mixtes. En ce domaine, il est
souhaitable de fixer des r�gles communes, non seulement au sein de l'Union europ�enne,
mais aussi avec les pays tiers. Je mesure les difficult�s de l'harmonisation du droit
p�nal, qui touche parfois des probl�mes culturels. Ainsi, pour les mutilations sexuelles
des progr�s restent � accomplir au niveau europ�en. Certains Etats ont pris des mesures
pour poursuivre quel que soit le lieu o� le d�lit a �t� commis.
Sur la protection de la vie priv�e et des droits individuels, nous n'avons pas obtenu
tous les apaisements souhaitables. Un contr�le au niveau europ�en est n�cessaire en ce
qui concerne les investigations polici�res.
Quant � l'immigration -qui rel�ve aussi des ministres de l'int�rieur- nous insistons
sur le contr�le du trafic d'�tres humains, qu'il ait pour objet l'exploitation sexuelle,
le travail au noir, ou l'immigration ill�gale.
Le commissaire europ�en charg� de ces probl�mes nous a inform�s que 3 000
cadavres �taient d�couverts chaque ann�e sur les c�tes d'un pays membre. C'est dire le
chemin qui reste � parcourir en ce domaine.
Lord Wallace of Saltaire (Royaume-Uni) - La commission des affaires europ�ennes de
la Chambre des Lords publiera dans deux semaines un rapport sur le contr�le aux
fronti�res qui sera, je l'esp�re, utile notamment pour les pays candidats. Comment
surveiller efficacement les fronti�res de l'Union europ�enne, dans le respect du droit
et de la coop�ration entre les Etats ? Cette question soul�ve des probl�mes
importants, en particulier aux confins m�ridionaux et orientaux de l'Europe.
L'Autriche et l'Allemagne risquent de demander des contr�les plus stricts que ceux en
vigueur aux fronti�res ext�rieures de l'Union. Nous savons que des immigrants ill�gaux
entrent au Royaume-Uni et dans l'Union europ�enne, en particulier par les fronti�res de
l'Est. Les contr�les actuels ne sont pas suffisants.
L'efficacit� exige une coop�ration avec les Etats situ�s de l'autre c�t� de la
fronti�re : Pologne, Hongrie, Slovaquie et � l'avenir, Ukraine et Russie. Qui
paiera ? Quelles en seront les cons�quences, apr�s l'�largissement, sur le budget
de l'Union europ�enne ? Je tiens aussi � soulever la question des visas communs et
� entr�es multiples qui sont tr�s utiles pour maintenir des relations �conomiques
ouvertes avec les pays candidats. Ces relations ne doivent pas �tre entrav�es par les
contr�les aux fronti�res.
M. Ignasi Guardans (Espagne) - Je voulais interroger Mme la ministre sur
le contr�le parlementaire du troisi�me pilier. On a beaucoup d�battu d'EUROPOL et du
syst�me de Schengen, au Parlement espagnol. Les contr�les des parlements nationaux ne
peuvent pas fonctionner, non plus que le contr�le du Parlement europ�en, puisqu'il
s'agit de m�canismes intergouvernementaux.
Les questions de visas et de police touchent directement aux droits fondamentaux. Il ne
peut y avoir de contr�le parlementaire en ces mati�res. Quant aux propositions avanc�es
par la pr�sidence fran�aise pour lutter contre la criminalit� organis�e et le
blanchiment de l'argent, nous pensons en Espagne que l'obligation faite � l'avocat de
faire part de ses soup�ons � l'encontre de ses clients pose probl�me : cette
obligation est acceptable du point de vue politique, mais contest�e par les avocats. Nous
devons affronter en Espagne un v�ritable mouvement de d�sob�issance civile de leur
part.
M. Pierre Fauchon (France) - Je reste sur ma faim apr�s avoir entendu les
explications de Mme la ministre. Nous restons, en r�alit�, dans ces interminables
proc�dures intergouvernementales et interadministratives.
La d�cision sur EUROJUST a �t� prise il y a plus d'un an, rien n'a encore �t� fait.
Nous sommes dans une situation de paralysie, alors que la criminalit� organis�e, elle, a
fait l'Europe depuis longtemps.
Il faut changer de m�thode. C'est trop facile de dire qu'on va rapprocher les syst�mes
judiciaires parce qu'il serait trop difficile de les unifier. A voir ! En France, un
professeur de droit r�put�, Mme Delmas-Marty, a montr� dans un rapport qu'il ne serait
pas tellement difficile, pour lutter contre la criminalit� transfronti�re, de d�finir
un corpus juris commun et d'unifier les proc�dures en instituant un procureur
europ�en qui aurait des correspondants dans les syst�mes nationaux. C'est une
proposition int�ressante.
Il ne faut pas s'en remettre, pour une telle r�forme, aux processus intergouvernementaux
et interadministratifs, dont nous voyons bien les limites. J'avais propos� il y a deux
ans de r�unir une convention semblable � celle qui vient, contre toute attente,
d'�laborer la Charte des droits fondamentaux. Pourquoi ne pas r�unir une telle
convention pour instituer le procureur europ�en et lutter contre le blanchiment ? Si
on veut vraiment combattre la criminalit�, il faudrait essayer. Essayons !
Mme Nicole Catala (France) - On a �voqu� l'existence de dispositions permettant
d'articuler la Convention europ�enne des droits de l'homme avec la nouvelle Charte des
droits fondamentaux. Quelles sont-elles et comment r�partissent-elles les comp�tences
entre la Cour de Strasbourg et celle de Luxembourg ? J'ai d�j� exprim� ma crainte
d'un t�lescopage des textes et des comp�tences juridictionnelles.
Si Mme Guigou �tait encore ici, je lui demanderais s'il y a, dans les tiroirs des
institutions communautaires, des projets de textes qui pourraient �tre adopt�s -avant la
fin du d�lai de cinq ans fix� par le trait� d'Amsterdam- sur l'entr�e et le s�jour
des �trangers ressortissant d'un Etat tiers. Allons-nous vers la d�finition de r�gles
uniformes ?
Enfin, puisqu'elle a elle-m�me formul� des regrets sur l'�tendue de la
communautarisation des affaires de justice et d'affaires int�rieures, j'aurais voulu lui
demander si, selon elle, il serait possible un jour de revenir sur ce point. En effet,
l'adoption du trait� d'Amsterdam nous a mis dans une situation absurde : il nous
faut utiliser les instruments juridiques du premier pilier pour d�finir la mati�re
faisant l'objet d'une sanction p�nale, et ceux du troisi�me pilier pour appliquer la
sanction. Le trait� d'Amsterdam a compliqu� une situation qui n'en avait pas besoin.
M. Hubert Haenel, pr�sident - Nous sommes ici une dizaine � avoir particip�
� l'�laboration de la Charte des droits fondamentaux. Son articulation avec la
Convention europ�enne des droits de l'homme a �t� un souci constant. M. Badinter,
comme vous, a soulev� ce probl�me pour s'opposer � la Charte. C'est l'arbre qui cache
la for�t. La Convention europ�enne a cinquante ans : des droits nouveaux devaient
�tre reconnus. Nous avons travaill� en pr�sence d'observateurs du Conseil de l'Europe
et de repr�sentants des deux cours, qui ont approuv� la r�daction de
l'article 52-3 de la Charte, selon lequel " Dans la mesure o� la
pr�sente Charte contient des droits correspondant � des droits garanties par la
Convention europ�enne de sauvegarde des droits de l'homme et des libert�s fondamentales,
leur sens et leur port�e sont les m�mes que ceux que leur conf�re ladite Convention ".
Je me permets �galement de vous renvoyer au commentaire de cet article, qui figure dans
le texte �tabli par le Presidium de la Convention.
B. Le r�le des
parlements nationaux
M. Hubert
Haenel, Pr�sident, (France) - Voici une synth�se des r�sultats des deux
questionnaires adress�s par la pr�sidence de la COSAC aux organes parlementaires
comp�tents sur le r�le des parlements nationaux. L'un concernait les Etats membres,
l'autre les pays candidats.
S'agissant des Etats membres, 14 parlements sur 15 ont r�pondu. Certains r�sultats,
parvenus trop tard, n'ont pu �tre pris en compte. Le questionnaire avait d'abord pour but
d'actualiser les connaissances sur le fonctionnement des commissions europ�ennes des
parlements nationaux, puisque le dernier d�bat de la COSAC sur ce point remontait � cinq
ans.
Dans la majorit� des cas, il n'y a pas eu de changement fondamental depuis 1995 :
les r�ponses t�moignent plut�t d'un effort pour mieux faire fonctionner le syst�me
existant.
Deux tendances se d�gagent : d'une part, le champ du contr�le parlementaire
national a tendance � s'�largir aux mati�res relevant des deuxi�me et troisi�me
piliers de l'Union ; d'autre part, se manifeste le souci de renforcer les relations
entre les commissions des affaires europ�ennes et les autres commissions permanentes.
Plusieurs questions avaient trait � l'application du protocole sur les parlements
nationaux annex� au trait� d'Amsterdam. Dans l'ensemble, les r�ponses montrent que
ce protocole n'a pas eu de cons�quence notable, et que certaines difficult�s
demeurent : l'information des parlements nationaux pourrait dans certains cas �tre
plus rapide, notamment en ce qui concerne l'�volution des textes durant les travaux du
Conseil ; la transparence n'est pas toujours suffisante lorsque les trois
institutions travaillent sur des projets de compromis officieux ; le d�lai est
souvent trop bref entre la fin de l'examen du texte par le COREPER et la d�cision du
Conseil ; enfin, le r�glement int�rieur du Conseil a retenu une d�finition
�troite de ce qu'est une " proposition l�gislative " ; de ce
fait, certains textes importants ne b�n�ficient pas du d�lai de six semaines garanti
par le protocole, notamment les actes budg�taires, les accords interinstitutionnels et
les accords ext�rieurs.
Ainsi, il appara�t que le Conseil doit faire des efforts suppl�mentaires pour que le
contr�le des parlements nationaux puisse s'exercer plus facilement.
S'agissant de la circulation de l'information entre les commissions des affaires
europ�ennes des parlements nationaux, la majorit� souhaite �tre mieux inform�e sur les
travaux des commissions homologues. Les obstacles pratiques, notamment linguistiques, ne
doivent pas �tre sous-estim�s ; mais on peut progresser par l'utilisation des
nouvelles technologies. Chaque commission des affaires europ�ennes pourrait s'efforcer de
faire figurer sur le site Internet de son Parlement le maximum d'informations sur ses
prises de position ; la messagerie �lectronique pourrait �galement �tre utilis�e
plus largement. Nous l'avons fait � la satisfaction g�n�rale dans la Convention qui a
pr�par� la Charte.
Enfin, la derni�re question portait sur les r�unions des commissions du Parlement
europ�en ouvertes aux parlements nationaux. La participation � ces r�unions est jug�e
unanimement positive. De nombreuses d�l�gations demandent toutefois plus de pr�cision
et de stabilit� en ce qui concerne le calendrier et l'ordre du jour et une organisation
plus rigoureuse des d�bats permettant aux parlementaires nationaux d'intervenir
utilement. Enfin certains souhaitent un compte rendu des d�bats.
J'en viens aux pays candidats. Je regrette que tous n'aient pas r�pondu au questionnaire.
Certaines r�ponses sont arriv�es trop tard pour �tre mentionn�es ici.
Les neuf r�ponses dont nous disposons comportent certains points de convergence :
les commissions europ�ennes des parlements des pays candidats estiment qu'elles sont
g�n�ralement bien inform�es par leurs gouvernements ; il n'existe g�n�ralement
pas de proc�dure sp�ciale pour la transposition de la l�gislation communautaire ;
cependant, deux parlements disposent d'une proc�dure abr�g�e permettant d'acc�l�rer
l'examen des textes de transposition ; les n�gociations d'adh�sion sont suivies de
mani�re �troite et r�guli�re, mais aucun gouvernement n'est li� par un mandat de
n�gociation ; enfin, l'assistance technique communautaire, sous la forme du
programme TAIEX ou du programme PHARE ou de ces deux programmes, ainsi que l'assistance
technique bilat�rale sous des formes diverses, sont unanimement appr�ci�es. On souhaite
que ces formules soient maintenues, voire d�velopp�es.
Sur d'autres points, il est plus difficile de tirer des conclusions : le r�le des
commissions europ�ennes semble tr�s diff�rent d'un pays � l'autre. Elles n'ont pas de
r�le l�gislatif en Estonie et Lituanie. Elles sont au contraire le plus souvent
comp�tentes pour les textes transposant l'acquis communautaire � Chypre et en Hongrie.
En Pologne, R�publique tch�que, Roumanie et Slovaquie, elles donnent un avis sur la
compatibilit� des textes l�gislatifs avec le droit communautaire. De m�me, le respect
de la compatibilit� avec la l�gislation europ�enne rel�ve de proc�dures tr�s
diff�rentes. Il est consid�r� comme de la responsabilit� du Gouvernement en Estonie,
Hongrie et Lituanie. En revanche, un organe sp�cifique a �t� mis en place � cet effet
au sein du Parlement � Chypre, en Roumanie, en Slovaquie et en R�publique tch�que.
Enfin, une question portait sur la collaboration entre commissions europ�ennes des pays
candidats. A l'exception de la Hongrie et de la Pologne pour des raisons historiques, les
r�ponses indiquent que les exp�riences des autres pays candidats - et, dans
certains cas, celles des pays membres - ont �t� prises en compte lors de la mise en
place d'une commission charg�e des questions europ�ennes. Par ailleurs, les r�ponses
sugg�rent qu'une collaboration se poursuive entre commissions homologues des pays
candidats.
J'ouvre la discussion. D�sormais, les conflits de comp�tence entre Parlement europ�en
et parlements nationaux sont d�pass�s. Nous souhaitons donner plus de place aux
parlements nationaux pour combler le d�ficit d�mocratique en Europe. Vous venez
d'entendre les r�sultats des questionnaires adress�s aux pays membres et aux pays
candidats. En France, l'Assembl�e nationale et le S�nat organisent de plus en plus de
r�unions bilat�rales avec les commissions des affaires europ�ennes des autres pays et
avec les commissions du Parlement europ�en. Je pense qu'il en est de m�me dans les
diff�rents pays, et ces �changes sur la place des parlements nationaux sont utiles. Je
donne maintenant la parole aux intervenants.
M. Edvins Inkens (Lettonie) - Je tiens d'abord � exprimer notre estime
profonde pour la pr�sidence fran�aise, qui a en charge des questions essentielles.
La Lettonie est r�gie par une Constitution dans l'esprit de la R�publique de Weimar.
C'est donc un pays de r�gime parlementaire. Chez nous, la moiti� de la l�gislation est
d'initiative parlementaire. Nous avons des gouvernements de coalition, qui doivent �tre
tr�s attentifs aux souhaits des parlementaires. Les six partis repr�sent�s au Parlement
soutiennent l'accession � l'Union europ�enne ; celle-ci peut donc �tre
consid�r�e comme correspondant � une volont� politique commune.
Lors des discussions avec le Gouvernement sur les proc�dures d'adh�sion, notre
commission sp�cialis�e fonctionne de la m�me mani�re que les commissions analogues des
parlements finlandais et danois. A chaque �tape des n�gociations d'adh�sion, notre
Gouvernement doit recueillir l'accord de notre commission sp�cialis�e. Le Parlement, en
d'autres termes, a un droit de veto durant tout le processus de la n�gociation. Nous
n'avons pas de diff�rence d'appr�ciation, mais il importe que nous maintenions cette
�troite solidarit� entre Parlement et Gouvernement car les partisans de l'adh�sion ne
sont que tr�s faiblement majoritaires dans le pays. La qualit� du processus est
essentielle, si nous voulons amenuiser les difficult�s ensuite.
M. Corbett (Parlement europ�en) - Des eurosceptiques de mon pays cherchent �
dresser les parlements nationaux contre le Parlement europ�en. A mon sens, l'un et les
autres sont compl�mentaires, et pas contradictoires. C'est par exemple, au Parlement
europ�en de garder un oeil sur la Commission europ�enne. Les parlements nationaux ont
obtenu la garantie d'un d�lai de six semaines entre la transmission et l'inscription �
l'ordre du jour du Conseil d'une proposition l�gislative ou d'une proposition de mesure.
Le Parlement europ�en, lui, b�n�ficie depuis Maastricht et Amsterdam d'un pouvoir de
cod�cision. Des am�liorations sont �videmment possibles. C'est ainsi qu'on pourrait
allonger le d�lai de r�flexion dont disposent les parlements nationaux et l'�tendre aux
propositions non l�gislatives.
Le pr�sident du S�nat fran�ais, M. Poncelet, a parl� de cr�er une deuxi�me
chambre. Il nous faudrait d'abord nous demander comment elle fonctionnerait et � quoi
elle servirait. Le Conseil est d�j� une sorte de deuxi�me chambre ; certes, il est
compos� de ministres mais le Bundesrat aussi. Veut-on accro�tre le pouvoir du Conseil,
comme le souhaite M. Fischer ? Je doute que beaucoup de parlementaires soient
pr�ts � le suivre ! Cr�er une deuxi�me chambre du Parlement europ�en
reviendrait, me semble-t-il, si l'on compte le Conseil, � cr�er une troisi�me chambre.
Comment s'y retrouver dans une telle complexit� ? Je ne suis pas s�r, par ailleurs,
qu'une chambre compos�e de d�l�gu�s nationaux fonctionnerait bien. On a vu ce que cela
a donn� pour le Parlement europ�en avant 1979. Il manquait toujours telle ou telle
d�l�gation parce qu'elle avait un scrutin essentiel dans son pays !
S'il y a d�saccord entre un parlement national et les ministres qui repr�sentent ce pays
au Conseil, c'est une affaire nationale qui doit se r�gler � ce niveau. Je suis d'accord
avec votre point 6, pour d�velopper la coop�ration des parlements nationaux. Cela
pourrait figurer � l'ordre du jour d'une prochaine CIG.
M. Tibor Szanyi (Hongrie) - L'accord parlementaire du 11 septembre a
�tabli les bases d'une entente entre forces politiques nationales sur les questions cl�s
relative � l'adh�sion de notre pays � l'Union europ�enne. Nous souhaitons une
adh�sion aussi rapide que possible dans des conditions aussi favorables que possible.
Nous ne voulons pas n�gocier �ternellement : il faudrait conclure les n�gociations
d'adh�sion avant fin 2001. Notre Parlement a cr�� une commission d'int�gration
europ�enne qui comprend des repr�sentants de la commission des affaires �trang�res et
des sous-commissions de l'Union europ�enne. Au total, elle regroupe 40 membres, soit
10 % des parlementaires. Tous les partis repr�sent�s au Parlement hongrois ont
compris le d�lai fix� par l'Union europ�enne pour �tre en mesure d'accueillir de
nouveaux Etats membres ; nous faisons maintenant le n�cessaire pour que
l'�largissement soit effectif en 2002.
M. Antonio Nazar�-Pereira (Portugal) - Le contr�le de la politique
europ�enne est un th�me r�current dans l'opinion publique. Le protocole annex� �
Amsterdam pr�voit des dispositions relatives � l'information et � la participation des
parlements nationaux aux activit�s l�gislatives de l'Union qui doivent encore �tre
am�lior�es. L'union europ�enne constitue une union d'Etats et de peuples sans
pr�c�dent. Mais cette forme imparfaite est aussi une richesse historique. Les Etats
disposent d'une repr�sentation formelle au Conseil ; les peuples sont repr�sent�s
au Parlement europ�en et dans les parlements nationaux.
Certains, ici, ont propos� de cr�er une deuxi�me ou une troisi�me chambre afin de
parvenir � une meilleure articulation entre les positions nationales. Mais l'enjeu est
surtout de parvenir � une bonne articulation entre le Parlement europ�en et les
parlements nationaux afin de rendre la construction europ�enne plus d�mocratique. Il
faut parvenir � une compl�mentarit� des comp�tences, � une conjonction de ces deux
cultures parlementaires, en vue de renforcer le contr�le sur la politique europ�enne.
Apr�s les acquis d'Amsterdam, la pr�sidence fran�aise a permis d'introduire ce th�me
dans le d�bat, mais l'analyse des r�ponses au questionnaire �labor� dans le
cadre de la COSAC montre que, dans les parlements nationaux, on est encore � la recherche
des proc�dures permettant d'analyser en temps utile les informations en provenance du
Conseil. Nos commissions �prouvent souvent des difficult�s � traiter de questions
nombreuses, de nature tr�s diverse. C'est le cas notamment au Portugal : m�me si
nous avons fait de grands progr�s, il est �vident que nous devons gagner en efficacit�,
en modifiant nos instruments de contr�le et de suivi, en recourant � des moyens nouveaux
- Internet n'en est qu'un parmi d'autres.
Repr�sentant leurs �lecteurs, les parlements nationaux sont des gardiens de la
souverainet� mais aussi les garants d'une passation �quilibr�e des pouvoirs, en faveur
de l'Union europ�enne. Ils doivent exprimer les aspirations et les pr�occupations des
peuples. Pour ce faire, et pour aider les citoyens europ�ens � mieux comprendre ce qui
est en jeu, il est imp�ratif qu'ils aient un acc�s plus facile aux d�cisions prises.
M. Giovani Saonara (Italie) - Je pense qu'il conviendrait de revoir l'analyse faite
des r�ponses au questionnaire, surtout en ce qui concerne l'impact du protocole
d'Amsterdam sur les d�lais et les modes de travail des parlements nationaux. L'Italie a
pris du retard pour adapter ses m�thodes de travail mais la situation s'est un peu
am�lior�e m�me si les proc�dures doivent encore �tre renforc�es. Sans une
m�thodologie et une organisation du travail adapt�es, il est vain d'�piloguer sur le
r�le des parlements nationaux dans le processus de d�cision europ�en. La rh�torique
sur ce sujet est admissible � quinze, � la rigueur, mais � 27, il faut la renvoyer au
pass�. C'est pourquoi, dans la proposition d'amendement que nous pr�senterons au projet
de contribution, nous insistons sur la n�cessit� de d�velopper la co-d�cision et la
coop�ration entre les parlements nationaux. Il conviendrait peut-�tre aussi d'organiser
une coop�ration plus sp�cifique entre commissions sp�cialis�es. Le r�glement de la
COSAC nous permet de cr�er des groupes de travail : utilisons cette disposition pour
traiter de la question cruciale que constituent les coop�rations renforc�es !
Enfin, je ne puis oublier que, le mois dernier, la Pr�sidente du Parlement europ�en a
�voqu� la possibilit� de r�unir une conf�rence interparlementaire. La d�l�gation
italienne souhaite que le Conseil europ�en de Nice soit un succ�s mais ne serait-il pas
opportun de convoquer, au d�but de la pr�sidence su�doise, une COSAC sp�cifique ?
Lord Tordoff (Royaume-Uni) - M. Corbett a soulev� la question de la deuxi�me
chambre, mais ce n'est pas parce que M. Blair est favorable au projet que celui-ci
aboutira ! En tout cas, la derni�re fois que la Chambre des Lords s'est pench�e sur
le sujet, elle y �tait hostile. Cependant, elle n'a pas encore arr�t� de position
d�finitive : le rapport dont le principe a �t� d�cid� ne sera achev� qu'� la
fin de l'ann�e ou au d�but de l'an prochain.
Comme vous le savez sans doute, notre chambre a �labor� un syst�me tr�s complexe en
vue d'examiner la l�gislation communautaire ; quelque 70 membres de
diff�rentes commissions s'y consacrent, sans compter une quinzaine de sp�cialistes et de
conseillers. Il reste que nous ne pouvons que nous f�liciter de voir la COSAC inscrire
cette question � son ordre du jour : il y a toujours � apprendre des autres
parlements !
Il est des cas d'ailleurs o� cet examen peut mal tourner : ainsi un projet de
directive-cadre sur l'emploi et l'�ducation nous a �t� soumis et un rapport a �t�
demand� � la commission sp�cialis�e alors que le seul document disponible est un
document de travail... en fran�ais. Il est donc tr�s peu probable que les autres
commissions aient le temps de se prononcer une fois que celle des affaires sociales aura
achev� son examen. Ce n'est pas ainsi que les choses doivent se passer, et je suis donc
heureux que nous discutions demain d'un projet de contribution dont l'une des dispositions
vise � am�nager un d�lai plus souple pour la discussion d'amendements.
M. Victor Bostinaru (Roumanie) - Les parlements nationaux des pays candidats
doivent maintenir � un niveau aussi �lev� que possible le soutien de l'opinion publique
� l'id�e d'int�gration europ�enne et combattre l'euro-scepticisme parmi la population.
Ils doivent aussi r�viser dans les meilleures conditions la Constitution nationale afin
de pr�voir les d�l�gations de souverainet� � l'Union. Tout cela exige la recherche
d'un consensus des forces politiques que les parlements nationaux sont seuls � pouvoir
favoriser.
R�cemment, certaines personnalit�s ont �mis l'id�e que l'Union devait proc�der � des
r�formes substantielles pour devenir plus efficace et plus puissante sur la sc�ne
internationale ; d'aucuns ont m�me pr�n� une forme de f�d�ralisme. Si l'on veut
qu'un tel projet ait une l�gitimit� d�mocratique, il faut que les parlements nationaux
puissent en d�battre. S'ils n'�taient pas associ�s � la discussion, le projet
europ�en pourrait �tre compromis.
L'Union doit se doter d'une politique de d�fense et de s�curit� commune efficace. Les
pays candidats � l'adh�sion qui ont toujours soutenu les actions ext�rieures de
l'Union- on l'a vu au Kosovo, par exemple - peuvent contribuer � la d�finition
et � la mise en oeuvre de cette politique commune, par l'interm�diaire de leurs
parlements nationaux. Je r�affirme en tout cas l'engagement du Parlement roumain de
participer � ce d�bat.
Mme Roma Dovydeniene (Lituanie) - Les parlements des pays candidats peuvent,
comme ceux des pays membres de l'Union, contribuer � renforcer la d�mocratie en Europe.
Depuis qu'a �t� constitu�e, en 1997, une commission parlementaire pour les affaires
europ�ennes, le Parlement lituanien suit de tr�s pr�s les questions li�es �
l'adh�sion de la Lituanie � l'Union. Chaque aspect des n�gociations fait l'objet d'un
dialogue avec le Gouvernement. A 17 reprises, la Commission des affaires europ�ennes
a fait des propositions pr�cises au Gouvernement appelant particuli�rement son attention
sur les difficult�s qui ne manqueront pas d'appara�tre pendant les p�riodes de
transition. La commission, dont la composition va �tre modifi�e � la suite des
r�centes �lections l�gislatives, n'a qu'un avis consultatif. Mais elle a jou� et
continuera de jouer un r�le important dans la d�finition de la politique men�e par le
Gouvernement lituanien au cours du processus d'adh�sion. Ce r�le sera d'ailleurs
analys� dans le cadre du programme PHARE, ce dont nous nous f�licitons. Il reste qu'un
flux d'informations plus constant, du Parlement europ�en et de la Commission, via
Internet, serait bienvenu.
M. Matti Vanhanen (Finlande) - Le trait� d'Amsterdam n'a gu�re influenc� le
fonctionnement du Parlement finnois qui est d�fini par notre Constitution. Notre r�le
est de contr�ler la politique du Gouvernement, qui a lui-m�me besoin du soutien
parlementaire pour conduire sa politique europ�enne. Il informe donc tout naturellement
le Parlement de tous les aspects des discussions au sein de l'Union. La Finlande ne
souhaite pas que l'obligation soit faite � la Commission europ�enne d'informer les
parlements nationaux. Elle consid�re en effet que cette obligation incombe aux
gouvernements.
Sur le plan pratique, la Grande commission se r�unit le vendredi, apr�s le COREPER, et
fait conna�tre son point de vue sur les affaires en cours aux ministres qui se rendront
au Conseil. De la sorte, le Parlement de Finlande suit, de l'origine � la fin, le cours
des affaires de l'Union.
M. Claus Larsen Jensen (Danemark) - Depuis qu'en 1972 le Danemark a
adh�r� � l'Union europ�enne, une commission sp�cialis�e du Parlement danois mandate
le Gouvernement pour pr�senter la position du pays aux r�unions du Conseil. La
l�gitimit� d�mocratique des positions adopt�es par l'ex�cutif est donc forte, et un
d�bat politique constant a lieu, � propos des affaires europ�ennes, au Parlement comme
au sein de la population.
Mais nous sommes g�n�s, dans nos analyses, par le d�lai de diffusion des documents
communautaires, qui nous parviennent toujours trop tard. C'est vrai, aussi, pour ceux de
la COSAC... D'une mani�re g�n�rale, il faut chercher � renforcer le dialogue au sein
de la COSAC en d�finissant de nouvelles proc�dures, apr�s avoir �tudi� attentivement
la mani�re dont chaque Parlement traite les sujets abord�s.
M. Alain Barrau, Pr�sident - Je retiens des interventions l'articulation du
travail des parlements nationaux avec celui du Parlement europ�en. Je constate �galement
que chaque Parlement s'efforce d'intervenir en amont des d�cisions gouvernementales,
qu'il s'agisse de donner mandat ou de fournir des indications - bien avant, donc, le
stade de la ratification des trait�s et des accords. Il ne serait pas mauvais, enfin,
qu'un groupe de travail soit constitu� au sein de la COSAC, charg�, entre deux
conf�rences, de faire circuler les informations. Une proposition en ce sens pourrait
�tre formul�e demain.
La
s�ance est lev�e � 18 heures.
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